top of page
friot_trous_couv.jpg

DES TROUS DANS LE VENT

36 poèmes de Bernard Friot

Pour un drôle et délicat périple en poésie, il suffit de se laisser glisser entre les pages et les “trous dans le vent” des si beaux mots de Bernard Friot. Mais oui, les mots font plus que dire, ils sèment des petits diamants.

Si vous croyez que les recueils de poèmes sont des cadeaux à côté de la plaque, demandez-vous d’abord de quelle plaque vous parlez, et s’il est bien raisonnable de vouloir viser une plaque pour faire plaisir. Alors vous serez prêt pour un périple en poésie, terre d’absurde et de félicité. Lancez-vous, offrez aux jeunes gens des mots qui brillent, des mots qui vrillent, des mots qui gloussent, des mots qui toussent. Tout est permis, sous la plume du poète Bernard Friot, place à l’envol de l’esprit, à la drôlerie, à la fantaisie. Le titre, tiré du premier poème, se réfère à une drôle d’activité lucrative : « Je connais un enfant/qui fait des trous dans le vent/et puis il les remplit/avec des confettis (...)/Je connais un enfant/qui fait des trous dans le vent/et puis après il les vend/au plus offrant. » Le reste est à l’avenant, plein d’allant, le cœur content.

On aide au décollage, on accompagne tout le voyage, on console à l’atterrissage, y a-t-il assistance plus complète ? La recette est donnée pour planer mieux qu’Icare et les richards : « Si tu veux t’envoler/Dénoue tes lacets/oublie l’alphabet/déchire tes billets/et ouvre tes volets ». Quand vient le spleen, un mouchoir de mots est tendu, dans un bégaiement de réconfort : “Qu’est-ce qu’il y a qu’il y a qui ne va pas ?/ Dis-moi./ Tu ne sais pas ?/ C’est ça n’est-ce pas ?/ Ça ne va pas/parce que ci parce que ça/le chagrin ne s’explique pas./Allez viens dans mes bras/Couchi coucha/Je chante chabada chabada/et voilà/c’est fini/tout ça. » Voilà, les oreilles sont assez remplies, ouvrons les yeux maintenant. Du rose fluo, puisque c’est la mode dans les illustrations jeunesse, mais surtout des rayures, marinières, échelles, crinières, comme autant de liens tissés entre les mots, entre les êtres, entre les rêves. Et des volumes qui gonflent et rétrécissent, permettant de s’échapper ou de se cacher. Ces « poèmes en promenade » promis dans le sous-titre, enchanteront maîtres et maîtresses d’école, mais pas que. On n’a rien contre Maurice Carême, encore moins contre Jacques Prévert, bien au contraire, mais c’est bien agréable de trouver du sang neuf, fidèle aux bons vieux piliers du par-cœur enfantin, fourmillant d’idées nouvelles. Bien d’aujourd’hui, et beau comme hier.

Marine Landrot dans Télérama, 22.1.2019

bottom of page